Lorsque nous nous penchons sur l’histoire des grandes découvertes maritimes, il est bien naturel que nous soyons émerveillés. Les Vikings aux bateaux longs et étroits munis de rames dans les parties latérales, dotés d’une seule voile, dont la coque glissait sur les vagues sauvages au lieu de les fendre grâce à un tour d’ingénierie nautique pouvaient vaincre les tempêtes du nord.
Les Phéniciens aux embarcations de deux ou trois rangées de rameurs — birèmes ou trirèmes — pouvant atteindre trente-cinq mètres de long, qui étaient copiées par les Grecs et les Romains parvenaient à dominer la navigation en Méditerranée.
Les Chinois avec leurs navires pouvaient prendre deux cents tonnes de chargement, ce qui leur garantissait de parcourir sept mille kilomètres, assez pour croiser l’Atlantique sans marquer d’arrêts.
Ou les caravelles portugaises aux voiles triangulaires leur permettant de naviguer dans la direction contraire aux vents avec beaucoup plus de rapidité et plus de sécurité.
On peut s’étonner d’observer que les Phéniciens qui avaient une si petite population et une si modeste occupation territoriale, environ deux cent cinquante kilomètres de l’actuelle côte libanaise, aient eu des villes aussi importantes que Tyr, Sidon et Byblos.
Leurs colonies méditerranées étaient de simples comptoirs qui pénétraient à peine dans le continent. Il semble surprenant de constater tout ce qu’ils ont réalisé alors qu’ils étaient si peu nombreux.
Parmi leurs exploits nautiques, on peut citer les itinéraires parcourus jusqu’en Brittany et en mer Baltique à une époque où aucun peuple n’envisageait d’aller aussi loin ; voire la circumnavigation de l’Afrique, plus de deux mille ans avant Vasco de Gamma… Tout cela ils l’ont fait sans la moindre carte en ne comptant que sur leur capacité à construire et à naviguer.
Quels hommes de courage, de vision ! Ils rêvaient sans limites, aspiraient à découvrir l’inconnu, l’inexploré.
De nos jours, nous vivons l’ère des expéditions spatiales, cet ensemble d’efforts qui étudie l’espace et ses astres en utilisant des satellites artificiels, des navettes et des sondes.
Dans le cadre de certaines missions, certains se lancent dans le cosmos, d’ailleurs une station spatiale internationale est déjà en cours de construction depuis 1998.
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Les conquêtes, l’audace, l’enthousiasme sont les marques distinctives
des navigateurs d’hier et des astronautes d’aujourd’hui.
Il est un lieu cependant où nous devrions tous migrer en ayant un vrai rôle d’explorateurs : l’intimité de nous-mêmes.
Ce voyage nous mènerait à la découverte intérieure : Qui sommes-nous ? Quel type d’êtres sommes-nous : simples, naturels, aimants ?
Ou sommes-nous des personnes complexes, créatrices de problèmes, génératrices d’inquiétude où que nous soyons ?
Sommes-nous des fleurs qui ornent le jardin de la vie ou des épines qui garnissent le paysage et agressent ceux qui s’en approchent ?
Oui, il faut avoir du courage pour naviguer sur les eaux turbulentes qui mènent à la mer profonde de notre intimité.
On ne doit pas avoir peur d’affronter les monstres affamés et intrépides qui nous habitent comme la jalousie, l’envie, la haine, l’ambition, qui sont endormis et désirent se réveiller.
Les eaux territoriales qui nous conduisent au continent de notre intimité sont normalement des sources de tourments.
Nous sommes comme de nouveaux argonautes qui ne sont pas à la recherche de la toison d’or mais de la réalité profonde, car le défi majeur c’est la découverte intérieure, c’est la reconnaissance de ses vertus et de ses vices pour atteindre les lauriers de la victoire sur soi-même.
Entamons donc le grand voyage, aujourd’hui même au pays de l’âme.
Rédaction du Momento Espírita.
Traduction réalisée dans le respect des « Rectifications orthographiques du français en 1990 » de l’Académie française (http://www.academie-francaise.fr/sites/academie-francaise.fr/files/rectifications_1990.pdf). NdT
Traduction : Gootjes Irène.
Le 18.4.2016.