Momento Espírita
Curitiba, 19 de Abril de 2024
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ícone La gratitude nous atteint toujours

Elle avait huit ans lorsque les nazis ont envahi la France. Juive, elle a été obligée de porter une énorme étoile jaune sur sa poitrine, afin que tout le monde connaisse son origine.

Francine Christophe et sa famille ont été envoyées au camp de concentration de Bergen-Belsen en Allemagne. Elle se dit que parce qu'elles étaient filles de prisonniers de guerre, elles avaient le droit d'emporter un petit sac.

Si petit que seuls un morceau de sucre, une poignée de riz ou un morceau de chocolat pouvaient y tenir.

Sa mère a choisi de prendre deux morceaux de chocolat et se dit que quand la petite Francine serait brisée, anéantie, peut-être que ce tout petit bout de chocolat aurait le pouvoir de la remettre sur pied.

Un jour, une femme arriva au camp. Elle était enceinte. Mais, si maigre qu'il était difficile de voir sa silhouette.

Le jour de l'accouchement arriva. La mère de Francine, qui était chef de baraque, l'accompagna dans un certain lieu considéré comme une infirmerie.

Alors qu'elle s'apprêtait à quitter la baraque, elle s'est dirigée vers sa fille et lui a demandé si elle avait encore un morceau de chocolat.

Face à l'affirmative de la petite fille, elle lui a dit que l'accouchement dans ces conditions entraînerait avec certitude la mort de la mère.

Qui sait, peut-être que si elle offrait ce chocolat, ça pourrait aider. La fille a donné son précieux trésor.

La femme a donné naissance à un bébé minuscule. Ni elle ni le bébé ne sont morts. Cependant, il n'a jamais pleuré. Il n'a jamais émis le moindre gémissement.

Six mois plus tard, lors de la libération, alors que cette toute petite chose était dévoilée, elle a crié.

C'était touchant. Selon Francine, c'est ce jour-là que le bébé est véritablement né.

Bien des années plus tard, alors qu'elle était mariée, Francine s'est vu demander par sa propre fille si tout n'aurait pas été différent si les prisonniers des camps de concentration, à leur retour dans leur pays, avaient eu le soutien de psychologues.

Comment cela aurait-il été ? S'est demandée Francine. Et elle a décidé d'organiser une conférence, ouverte à tous ceux qui le souhaitaient : survivants, psychologues, psychiatres, jeunes et moins jeunes.

Le thème était : S'il y avait eu des psychologues à notre retour des camps de concentration, comment cela aurait-il été ?

Le jour de la conférence, juste avant qu'elle ne commence son discours, une psychiatre, résidente dans la ville française de Marseille, l'a abordé. Elle a dit qu'elle avait un cadeau à lui offrir.

Elle a fouillé dans sa poche et en a sorti un chocolat. Émue, elle l'a donné à la conférencière et a seulement dit : Je suis le bébé.

  *   *   *

Tout le bien que nous faisons, aussi insignifiant qu'il puisse paraître ou aussi grand qu'il ait pu être, ne passe pas inaperçu.

Dans une âme noble, la gratitude est enregistrée. Les jours peuvent passer, la joie peut revenir, la vie peut être refaite pour ceux qui ont vécu le chaos de la faim, de la misère, de l'oubli d'être une personne, d'être une créature humaine.

Tout peut être laissé derrière soi dans une tentative de trouver le sens de sa propre vie. Trouver des moyens d'aller de l'avant.

Rien de tout cela ne fera disparaître la gratitude. Il est parfois difficile de remercier personnellement le bienfaiteur. Cependant, certains d'entre nous, comme la psychiatre française, en ont l'occasion.

Oui, la gratitude nous atteint toujours.

Rédaction du Moment Spirite, basé sur le récit oral
 de Francine Christophe, dans la vidéo HUMAN, produite par
Bettencourt Schueller Foundation et Good Planet Foundation.
Le 4.1.2022.

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